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venerdì 10 febbraio 2017

Georges Briata, l'existence comme prétexte de l'art

La peinture de Georges Briata s'inscrit dans «la couleur éloquente» typique du groupe des «peintres de la Réalité poétique» qui Briata a fréquenté pendant sa jeunesse à l'atelier parisien de Raymond Legueult. Les caractéristiques de leur peinture étaient «le goût pour la couleur et une figuration poétique» comme l'avait remarqué la journaliste Gisèle d'Assailly en 1949, éléments techniques et narratifs que l'on peut retrouver également chez Briata.

Mais Georges Briata va plus loin de «masses agissantes» de Legueult, il imprègne son pinceau des couleurs satures et très vives des fauvistes, en y rajoutant l'exotisme du voyage de Gauguin, son véritable Maître, les thèmes du cirque chers à Seurat et le goût du quotidien et de la ville en tant que musée à ciel ouvert, thématique chère à l'artiste italien Mimmo Rotella et à tous les Nouveaux Réalistes.

Briata qualifie «le sujet» à représenter sur la toile de «prétexte» de l'acte artistique et il rajoute que «c'est plutôt l’interprétation du sujet qui prime».

On peut ainsi distinguer deux types d’interprétations.

Dans un premier temps, il y a celle de l'artiste qui «sent» un sujet et l’interprète à sa façon, en projetant son sens dans le sujet et ensuite en le reproduisant sur toile, mais aussi, on peut parler de l'interprétation du spectateur de l’œuvre d'art.

 En effet, le verbe interpréter veut dire «donner du sens» à quelque chose et si on remonte à l'origine latine du mot, interpréter veut dire connaître entre...dans notre cas, connaître entre deux images, c'est à dire ce que l'objet est en soit et ce que l'objet est pour moi. 

Et, surtout pour les œuvres de Briata, on peut bien parler de «prétexte» pour l'interprétation du soi, car l'artiste notamment ne nous communique rien comme on peut l'entendre aujourd'hui, il s'exprime pas à travers de post sur Facebook, l'artiste, pour le dire avec Matisse, «se coupe la langue» est ainsi instaure un dialogue vif entre le créateur et son spectateur.

On pourrait se demander, «mais, les œuvres de Briata ont elles un sens»? Surtout pas! Car Briata de nous répondre: «je ne sais pas». On le sait, les artistes sont des fainéants, ils ont la flemme, mais, c'est comme cela qu'ils nous allument la flamme de la recherche de notre sens à nous. Sens qu on peut et surtout, qu'on ne doit pas, confier à quelqu'un d'autre.

Et quel meilleur prétexte que ces toiles! Elle sont des appels au sens, interprétation jamais égales à soi même, interprétations changeant comme les nuances d'un bleu! On pourrait définir le sens comme la quête du sens en soi, comme Briata est en quête de la couleur et de la composition géométrique parfaite.

En effet, la géométrie, parfois détestée par les élèves, ou au moins par moi quand je l'étais, est au cœur de son travail, et comme un architecte, il trace ses lignes et, comme un peintre de la Renaissance italienne, il construit l'harmonie de la présence de l'humain dans l'équilibre de son contexte naturel.

Accepter la recherche du sens, pas facile même pour Briata, et alors, que faire?

Curieux du monde, il quitte Marseille, il quitte la France, de son plein gré va vers ce «coup de poing dans le ventre», comme le disait Le Corbusier, qui est la ville de New York, et ici, avec peu d'argent et perdu dans les buildings à le géométrie rigoureuse, il trouve que l'espace est un prétexte moteur pour sa dynamique artistique, dès lors, Briata laisse tomber les couleurs «caramel» et il peint aux couleurs les plus éclatantes, il peint la vie qui coule rapide en quête de soi dans les boulevards de New York et il restitue sur toile même, les vibrations vitales parfois plus apaisées comme dans les jazz clubs.

Si le sujet, ou bien la vie, sont un prétexte, alors il vaut mieux les multiplier, il vaut bien mieux les mettre au bout de son pinceau.

Et Briata commence une série incroyable de voyages...Le Japon avec ses oranges, ses noirs et ses verts, La Bretagne, la Louisiane, la Sicile, la Corse, Marrakech avec leur soleil qui exalte les couleurs et leurs contrastes, puis les îles Marquises, où il semble trouver son paradis à lui.

Mais le sens échappe, il se cache derrière un bleu, un rouge, un jaune et puis s'enfuit vers une nouvelle destination, vers un nouveau paysage de rêve, vers une dernière toile à terminer.

Et là, les pinceaux à la main et chargé de toiles, Briata découvre son sens. Dans son cas, les femmes, ou mieux la femme, ou encore mieux, sa femme, celle qui sera pour toujours aussi sa muse: Vincente.

Un «miracle -comme il le dit - tombée dans sa vie d'atelier», et miracle de la présence féminine qui se renouvelle toujours dans ses toiles.

Georges Briata a pris l'existence comme prétexte et les yeux de l'autre comme source d’interprétation.

Et nos yeux, et nos vies, à travers celle de l'artiste, aujourd'hui goûtent de sa recherche en couleur et, à la fin de ce voyage, de cet échange, nous nous retrouvons dans la pensée de Camus , écrivain et homme engagé qui, comme Briata, sans cesse nous rappelle que le sens de cette vie insensée se trouve dans le sourire de notre prochain.

Aix en Provence



 Le site de Georges Briata 


lunedì 1 febbraio 2016

Texte critique de Marco Caccavo pour Rosario d'Espinay Saint-Luc, pour son catalogue Éther

Rosario d'Espinay Saint-Luc présente et partage sa recherche intérieure à coup de pinceau et couteau. Le sujet principal de son travail est la lumière créatrice qui prend la forme d'une abstraction matérielle. À travers ses œuvres, elle recrée les éléments primordiaux et le spectateur entreprend ainsi un chemin initiatique guidé par l'éther, principe créateur. En effet, les éléments se présentent sous différentes formes pour les êtres humains qui en font expérience, mais le principe créateur est unique et radieux pour le ciel et pour la terre. Dans le Bleu, celui des grandes toiles aquatiques et des couleurs raffinées et délicates, on est immergés dans le grand océan de la lumière qui prend la forme de l'eau, de l’élément d'où la vie naît et où on se sent libre...

Marco Caccavo 

giovedì 6 novembre 2014

Texte critique: "Empreintes", Salle Pavillon, Hôtel de ville d'Aix en Provence

Texte critique: "Empreintes" 

Salle Pavillon, Hôtel de ville d'Aix en Provence 
du lundi 3 au samedi 15 novembre. 

Vernissage Samedi 8 Novembre à 17 heures 

"On pourrait définir l'empreinte, mot qui donne le titre à la présente exposition, comme la trace gravée d'une existence, dans ce cas celle artistique, qui se regarde au miroir de « sa finitude » et qui réclame, ainsi, son droit d'exister après la mort. 
Comme le dit le philosophe Giorgio Agamben, la critique d'art se déroule sur trois niveaux, dont le dernier est celui qui raconte le «geste de l'intention», c'est-à-dire que le regard critique essaye de décrypter l'immatériel qui mène l'expression artistique.


L'immatériel se concrétise, alors, dans le geste qui trace l'empreinte.

Pourquoi l'artiste engage son empreinte comme un cachet dans le flux de l'existence ?

On pourrait la définir alors comme un « raisonnable » moyen pour répondre à l'appel de la pesanteur du « à jamais », du « pour toujours ». On voudrait tous satisfaire cette exigence d'intemporel, en oubliant que cette vie, à un moment donné, prendra sa fin. Et les outils de la création, qui tremblent au bout des doigts de l'artiste, suivent ce sillage miroitant cette belle illusion d'humaine immortalité.

Le temps de notre vie est celui qui glisse sur la couleur des feuilles en automne, changeant ainsi leurs
 nuances en les faisant, ensuite, se recroqueviller dans un coin de vie qu'on appelle le passé. Le temps, c'est alors le doux maître qui tient les rênes de l'humain « je veux », c'est lui l'hautain tyran qui pèse nos vœux d'immortalité.

La question de l'empreinte se mêle et se tisse à celle de la mort, ou bien, à celui du questionnement autour de la fin du corps. Et c'est de la mortalité de ce dernier, de cette irrationnelle réfutation, que l'empreinte tire son élan vital et se fait art.

Ce qui reste, après la poussière du corps, sont les œuvres. Ces dernières, projections des émotions qui furent givrées dans le cœur et dans l'œil, sont les « objets d'arts» , réponse désespérée, vive « ici et maintenant », à l'appel du « à jamais ».
L'artiste mène son jeu de création pour l'immortel : pour la vie, après la vie.

L'art est un appel du créateur qui se tourmente dans l'oubli avalant ses larmes et ses sourires. Et l'homme, pour ne pas périr sous le poids des saisons qui font tout oublier, crée son objet d'art : son enfant, sa chair, son sang, son héritier.

En même temps, l'empreinte s'impose à l'homme comme la seule façon d'exister dans le présent. Dans le flux du temps, quand je parle, quand on me regarde, je ne suis qu'une empreinte de mon corps dématérialisé qui est déjà ailleurs.
Quand je parle, je suis ailleurs; mon corps et mon esprit sont ailleurs.
Je suis le fil de ma voix qui cherche dans le vent un rassurant écho venant de mon semblable.
Mais mon autre, comment pourra-t-il communiquer avec l'empreinte de celui qui se perd dans le vent?
Ce dernier n'est que trace de ce qu'il était et que personne ne
 connaît.
Échec de la connaissance de l'autre !

On est condamné à assumer un masque d'empreinte pour communiquer avec l'autre , qui est en quête de ce que l’on
 fut.

Dans le théâtre classique, les acteurs, faute de micros, utilisaient le masque pour se faire entendre par leur public, pour établir ainsi un pont humain entre eux et les auditeurs. Le port du masque semble être la seule façon d'être « ici et maintenant » pour devenir objet parlant dans la mémoire d'autrui.

L'homme ne peut communiquer qu' à travers son masque et son geste, simples empreintes de ce qu ' on a été à un moment et de ce qu' on n'est plus.
Le geste artistique n'échappe pas à cela : il est toujours empreinte de son créateur.
Dans le flux éternel, s'arrêter un moment sur le trait d'artiste, c'est commencer un dialogue avec sa trace.

Il faudrait partir de l'absence pour entreprendre l’archéologie de l'autre, homme ou artiste, apparemment seul moyen pour comprendre le sens d'un geste qui renvoie à son être immatériel et intemporel. Les artistes, Melko, Philip Richard, Liselotte Andersen, Alys Baillard et Sandrine Berthon, ainsi, déclinent sous forme de sculpture, peinture et photographie, leur univers d'empreintes.

Ils sont là, sous vos yeux, avec toute la puissance de leur non-présence, et ils confient au spectateur la tâche de ne pas être avalés par le temps".

Marco Caccavo
Aix en Provence, 2014 

Salle Pavillon, Hôtel de ville d'Aix en Provence 
du lundi 3 au samedi 15 novembre. 

Melko (sculpture terre), Philip Richard (photographie), Alys (raku) et Sandrine Berthon (photographie)






























giovedì 30 ottobre 2014

Expo Empreintes, Mairie d'Aix en Provence

Exposition collective à l'Hôtel de ville d'Aix-en-Provence
Du 3 au 15 novembre 2014
Vernissage le samedi 8 novembre à partir de 17h
Texte critique: Marco Caccavo
Liselotte Andersen : peinture & sculpture
Sandrine Berthon : photographie
Melko : sculpture terre
Philip Richard : photographie
Alys Baillard : sculpture raku



giovedì 24 luglio 2014

Texte critique pour l'exposition de Philippe Lefebvre et Harry Gaabor. 361 degrés Espace d'art contemporain. Aix en Provence

L'art est une blessure qui devient lumière
Georges Braque


Le geste d'artiste, à la fois, cache et révèle, et c'est à ce moment que l'interprétation personnelle de l’œuvre prend forme dans notre esprit de spectateur. Le langage de la création est celui qui maîtrise la lumière et le sombre, le brumeux souvenir et le lumineux réel. Et comme le jour et la nuit sont opposés, mais semblent presque se renverser l'un dans l'autre dans les instants d'aube ou du coucher de soleil, ainsi deux artistes trouvent un moment commun pour se reconnaître l'un dans le travail de l'autre. Quand cela arrive, leurs pensées, à travers leurs œuvres, courent comme des étincelles d'images dans un jeu de miroir et, enfin, ils se pénètrent, en se posant, essoufflées, et nous parlent. Bien sûr, les mondes de deux artistes parlent avec des accents dissemblables qui renvoient à l'utilisation de matières différentes pour la création, mais leur sujet de discussion est commun: tous les deux cherchent l'expression de leur intérieur, agité par le vécu et par l’interprétation du monde contemporain.
Philippe Lefebvre et Harry Gaabor nous proposent cet échange entre vécu et regard actuel dans un espace d'art, lieu subtile de l'aube et du coucher de la pensée.
Lefebvre, artiste joue du métal, plie et façonne la matière au gré des battements de son cœur. Il est artisan, archéologue de la mémoire en action et travaille sur des souvenirs qui ont marqué sa peau, parfois doucement, parfois plus violemment, la vie donne le rythme et le timbre de ses créations. Et ainsi la matière est voix des blessures et des fragilités de l'artiste. Le noble métal, matière faite pour résister au temps, aux émotions, devient métaphore du flou souvenir. Ce dernier, tiré de l’abîme de l'oubli, revient et recompose, à l'aide de l'introspection, une histoire qu'il essaye de rendre cohérente pour s'expliquer pourquoi ses blessures sont encore saignantes.
Faire revenir à la surface, comprendre, créer. Au final, la création, n'est-elle pas une volonté de projeter hors-de-soi les émotions cachées pour mieux essayer de les comprendre?
Songez à une sculpture en métal. A l'une de celles de Lefebvre. Elle est le porte-parole de toutes nos angoisses présentes, de toutes nos émotions passées. Son but d'artiste est celui de les rendre cohérentes. Mais, on le sait, la langue du cœur a du mal a s'exprimer d'une façon claire...le souvenir, la blessure, il faut tout cimenter en blanc pour poursuivre le voyage au bout de la vie...
Gaabor, conteur du contemporain, noue, dans une même œuvre, le monde bien présent à nos sens et celui spirituel, qui demande un sursaut du cœur pour être compris. Ses œuvres narrent du fléau de la guerre, bien sûr adoucie par l'espoir provenant d'un bouquet de fleur ou d'un soldat à la morphologie plutôt apte à la séduction qu'à la destruction. L'artiste raconte dans ses œuvres le rapport difficile entre nature et civilisation, entre « être humain durable » et éternel devenir du cosmos.
Presque tous ses travaux, qui vont de la peinture sur bois à la sculpture, présentent une double lecture. La première, certes immédiate, est celle liée aux couleurs qui captivent le regard et au sujet d'actualité que l'on peut facilement reconnaître.
Mais ce n'est pas un travail de simple dénonciation.
On le disait tout à l'heure: le geste d'artiste, à la fois, cache et révèle.
La deuxième lecture de son travail est une sorte de révélation laïque: l'artiste narre les défis et les enjeux de l'humain et cache, en utilisant le langage des symboles spirituels, la dimension métaphysique de leur résolution.
Le monde à venir que Gaabor confie à ses œuvres est celui hanté par un cri d'humanisation, permettant de tourner en colorée dérision une tragédie comme celle de la guerre ou de confier aux têtes de mort la valeur d'une joyeuse vanitas qui nous invite à danser. Et ce ballet se produit sur les ruines d'une ville développée à la verticale pour faire naître, en dansant, une ville horizontale. Dans ce nouvel espace, la nature, avec ses couleurs et ses fragilités, n'est plus opposition à l'animalisation dont parlait Diderot, c'est-à-dire la volonté de tout engloutir pour posséder, mais c'est une heureuse danse animée par les atomes qui composent l'homme et la verte chlorophylle de la feuille.
Et voilà l'univers artistique d'Harry Gaabor, coloré guérillero du spirituel qui avec son pinceau crée de souriantes acrobaties sur les ruines de notre grise civilisation.

MarcoCaccavo
Juillet 2014