« Le symbole est toujours un pont
qui relie le visible
à l'invisible et les amène l'un dans
l'autre »
P. Evdokimov
Aléos est artiste de la
couleur-matière qui transcende le domaine du sensoriel pour se
nourrir de lumière, émanation de la divinité. Dans ses œuvres, la
lumière possède et anime, en créant des formes et des figures
vivantes, gravées par une traînée de claire intuition. Les
couleurs, comme le rouge, teinte de l'amour divin, ou comme le jaune,
union de l'âme humaine et de celle surnaturelle, se donnent dans un
continuum : du plus clair, du plus sombre, ce ne sont pas, dans la
toile, uniquement deux couleurs, mais ce sont deux couleurs plus ou
moins réveillées par la lumière. D'ailleurs, le sacre est une
constante dans le travail d'Aléos, ici la lumière glisse sur les
corps en réveillant le mystère de la vie, ce secret recherché et
emprisonné dans la matière non lumineuse, sorte d'émanation de
tradition néoplatonique. Mais Aléos est aussi créateur de la
révélation, c'est-à-dire qu'il concentre le sens dans le symbole,
dans l’icône de la vie. Il arrive parfois de retrouver dans ses
œuvres des poupées Ashanti, fertility dools portées par les femmes
africaines pour favoriser la grossesse et assurer la vigueur du
naissant, elles, qui catalysent la force primordiale de la vie.
L'artiste est charmé par le surnaturel, ses corps sont influencés
par l'art de Giacometti et ses visages par celui de Modigliani, deux
des artistes de la génération attirés par l'art africain, cet art
de la quête de l'invisible, de la volonté de maîtriser les forces
qui agitent le monde hors de nous et le cosmos chaotique en nous.
Sentir et maîtriser l'inconnu, en utilisant le symbole, le mythe
comme moyen de recherche, comme alphabet mystique formé des lettres
entre matière et lumière. D'ailleurs, même Aléos est le nom d'un
personnage mythologique, d'un personnage entre ciel et terre, à
cheval entre le visible et l'invisible. Et l'art est la clé pour
comprendre le magique. Comme s'exclamait Picasso au sujet de l'art
africain : c'était quelque chose qui s'érigeait contre les
esprits inconnus et menaçants. L'art devient un moyen, une sorte de
gouvernail qui essaye de diriger le combat mené par tous les êtres
humains contre la métaphysique, sans distinction de religion ou de
culture. En fait, chez Aléos on retrouve de l'art africain mais
aussi des traits de corps qui semblent être issus de l'art pariétal
paléochrétienne. Aléos, on l'a dit, est un artiste charmé par
l'exploration de l'inconnu, de ce grand monde qui est aussi au dessus
de nos yeux humains. Voici ses dernières œuvres en bleu, couleur de
l’himation, châle du Christ Pantokrator, symbole de l'ineffable
transcendance divine, sorte de représentation interplanétaire de
notre système solaire où les planètes s’appellent Venus,
Mercure, Jupiter, projection astrale des nos impulsions
inexplicables.
L'art, comme celui d'Aléos, permet, sinon de comprendre in toto l'ineffable, au moins d'en effleurer ses poussières d'étoiles.
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