La
peinture de Georges Briata s'inscrit dans «la couleur éloquente»
typique du groupe des «peintres de la Réalité poétique» qui
Briata a fréquenté pendant sa jeunesse à l'atelier parisien de
Raymond Legueult. Les caractéristiques de leur peinture étaient «le
goût pour la couleur et une figuration poétique» comme l'avait
remarqué la journaliste Gisèle d'Assailly en 1949, éléments
techniques et narratifs que l'on peut retrouver également chez
Briata.
Mais
Georges Briata va plus loin de «masses agissantes» de Legueult, il
imprègne son pinceau des couleurs satures et très vives des
fauvistes, en y rajoutant l'exotisme du voyage de Gauguin, son
véritable Maître, les thèmes du cirque chers à Seurat et le goût
du quotidien et de la ville en tant que musée à ciel ouvert,
thématique chère à l'artiste italien Mimmo Rotella et à tous les
Nouveaux Réalistes.
Briata
qualifie «le sujet» à représenter sur la toile de «prétexte»
de l'acte artistique et il rajoute que «c'est plutôt
l’interprétation du sujet qui prime».
On
peut ainsi distinguer deux types d’interprétations.
Dans
un premier temps, il y a celle de l'artiste qui «sent» un sujet et
l’interprète à sa façon, en projetant son sens dans le sujet et
ensuite en le reproduisant sur toile, mais aussi, on peut parler de
l'interprétation du spectateur de l’œuvre d'art.
En effet, le
verbe interpréter veut dire «donner du sens» à quelque chose et
si on remonte à l'origine latine du mot, interpréter veut dire
connaître entre...dans notre cas, connaître entre deux images,
c'est à dire ce que l'objet est en soit et ce que l'objet est pour
moi.
Et,
surtout pour les œuvres de Briata, on peut bien parler de «prétexte»
pour l'interprétation du soi, car l'artiste notamment ne nous
communique rien comme on peut l'entendre aujourd'hui, il s'exprime
pas à travers de post sur Facebook, l'artiste, pour le dire avec
Matisse, «se coupe la langue» est ainsi instaure un dialogue vif
entre le créateur et son spectateur.
On
pourrait se demander, «mais, les œuvres de Briata ont elles un
sens»? Surtout pas! Car Briata de nous répondre: «je ne sais pas».
On le sait, les artistes sont des fainéants, ils ont la flemme,
mais, c'est comme cela qu'ils nous allument la flamme de la
recherche de notre sens à nous. Sens qu on peut et surtout, qu'on
ne doit pas, confier à quelqu'un d'autre.
Et
quel meilleur prétexte que ces toiles! Elle sont des appels au sens,
interprétation jamais égales à soi même, interprétations
changeant comme les nuances d'un bleu! On pourrait définir le sens
comme la quête du sens en soi, comme Briata est en quête de la
couleur et de la composition géométrique parfaite.
En
effet, la géométrie, parfois détestée par les élèves, ou au
moins par moi quand je l'étais, est au cœur de son travail, et
comme un architecte, il trace ses lignes et, comme un peintre de la
Renaissance italienne, il construit l'harmonie de la présence de
l'humain dans l'équilibre de son contexte naturel.
Accepter
la recherche du sens, pas facile même pour Briata, et alors, que
faire?
Curieux
du monde, il quitte Marseille, il quitte la France, de son plein gré
va vers ce «coup de poing dans le ventre», comme le disait Le
Corbusier, qui est la ville de New York, et ici, avec peu d'argent et
perdu dans les buildings à le géométrie rigoureuse, il trouve que
l'espace est un prétexte moteur pour sa dynamique artistique, dès
lors, Briata laisse tomber les couleurs «caramel» et il peint aux
couleurs les plus éclatantes, il peint la vie qui coule rapide en
quête de soi dans les boulevards de New York et il restitue sur
toile même, les vibrations vitales parfois plus apaisées comme dans
les jazz clubs.
Si
le sujet, ou bien la vie, sont un prétexte, alors il vaut mieux les
multiplier, il vaut bien mieux les mettre au bout de son pinceau.
Et
Briata commence une série incroyable de voyages...Le Japon avec ses
oranges, ses noirs et ses verts, La Bretagne, la Louisiane, la
Sicile, la Corse, Marrakech avec leur soleil qui exalte les couleurs
et leurs contrastes, puis les îles Marquises, où il semble trouver
son paradis à lui.
Mais
le sens échappe, il se cache derrière un bleu, un rouge, un jaune
et puis s'enfuit vers une nouvelle destination, vers un nouveau
paysage de rêve, vers une dernière toile à terminer.
Et
là, les pinceaux à la main et chargé de toiles, Briata découvre
son sens. Dans son cas, les femmes, ou mieux la femme, ou encore
mieux, sa femme, celle qui sera pour toujours aussi sa muse:
Vincente.
Un
«miracle -comme il le dit - tombée dans sa vie d'atelier», et
miracle de la présence féminine qui se renouvelle toujours dans ses
toiles.
Georges
Briata a pris l'existence comme prétexte et les yeux de l'autre
comme source d’interprétation.
Et
nos yeux, et nos vies, à travers celle de l'artiste, aujourd'hui
goûtent de sa recherche en couleur et, à la fin de ce voyage, de
cet échange, nous nous retrouvons dans la pensée de Camus ,
écrivain et homme engagé qui, comme Briata, sans cesse nous
rappelle que le sens de cette vie insensée se trouve dans le sourire
de notre prochain.
Aix en Provence
Le site de Georges Briata
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