L'artiste,
toujours sensible à l’expérimentation de soi et à la rencontre
de l'autre, traduit ainsi son vécu et son idéal dans son art.
Ses
créations aux couleurs vives, et qui articulent du métal avec la
terre, sont un hymne à la plénitude incassable de la consistance et
une poésie de l'évidente présence, nette et pure, comme
l'affirmation de tout acte humain.
Dans
les sculptures, le poids de la matière physique se dynamise, comme
chez Henry Moore, dans un acte d’énergie créatrice, dans un en
train de. Ses œuvres, à travers leur avancement dans l'espace,
comblent le vide qui nous entoure, soit par moyen de l'exploration de
l'hors-de-soi, soit par une fusion matérielle dans le corps
de l'autre
Toutes
ses œuvres alimentent une aura mystique autour d'elles et ce sacré
les fait sortir du flux du temps et de l'espace, tels que nous les
concevons, et les placent dans le monde en tant qu'objet d'art. Et
dans cette atmosphère éthérée, le saut dans le vide de
l'autre, que ces projections de l'humaine sensibilité doivent
accomplir, est fait à travers une lumineuse émanation de leur
plénitude d'être.
Cette
distance qui le sépare de l'inconnu, c'est le même écart que nous
devons dépasser, avec un élan de sentiments, quand on va vers
l'autre.
Sans
raison, sans pourquoi; tels que nous le sentons dans notre volonté.
Même
ses sculptures endormies sont vivantes et comblent cette distance.
Ces endormis font penser à ceux de Pompéi, tués dans le rêve,
quand ils étaient en train de remplir l'obscurité par l'imagination
inconsciente et pourtant battante, réelle. Les créations de
Liselotte Andersen, à la ligne épurée de toutes hésitations dans
le mouvement, tracent un dynamisme qui sature le milieu qui les
contient, le débordent et le dépassent. Ainsi, elle dessine une
appropriation de l'espace par le biais d'une force centrifuge qui
part du cœur, de la volonté, et qui rayonne vers l’extérieur,
vers l'inconnu et vers son irrésistible appel. La matière, que
l'artiste modèle en utilisant son spleen et son idéal, est toujours
le point de fuite duquel l'espace se crée. C'est le plein qui relève
de l'imaginaire, celui qui naît d'un mouvement inconscient: c'est
lui qui ré-invente le vide, en courbe de vibrations émotionnelles,
où l'objet d'art est réel et prend du sens.
Le
monde de Liselotte Andersen est un univers où les sculptures et les
peintures sont toutes suspendues en équilibre et avancent doucement,
comme animées par une une expression spontanée, viscérale, comme
l'est la sensibilité humaine dans sa pureté.
Marco
Caccavo
Aix-en-Provence
2015
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