On pourrait définir le travail
d'Alexandra Polina, présenté à la Galerie La Fontaine Obscure à
Aix en Provence, comme une rétrospective de l'avenir. La
rétrospection et l'avenir dont on parle sont ceux du peuple qui
constituait l'ex Union des Républiques Socialistes Soviétiques,
fédération d’États qui s'est écroulée il y a vingt ans.
La photographe présente la dernière
génération de jeunes qui ont grandi comme des petits héritiers de
la Révolution d'Octobre et comme des « pionniers », en
utilisant les mots de l'artiste, d'un monde mondialisé.
En effet, ces fils de la révolution
commençaient à partager avec les occidentaux la même musique, la
même langue internationale et les mêmes rêves de reussite sociale,
dans un contexte de libre échange.
Que retenir de cette génération
bifronte? Les images en noir et blanc de Eisenstein où les images
colorées des shining russians?
La réponse, puisqu'on parle de
photographie, se trouve dans les images qui peuvent, donc, avoir une
double grille de lecture.
Voilà
donc l'homme/femme machine, la paysanne, l'artisan, le travailleur du
peuple pour le peuple. Ceci pourrait faire écho à l' « Ouvrier
et la Kolkhozienne » de la sculptrice Vera Moukhina,
échantillon de la puissance soviétique.
D'un autre côté, les photographies
proposent des personnages avec un regard tourné vers le futur :
des hommes et des femmes aux beaux yeux, au regard fier comme celui
d'un peuple désormais vagabond. Ces personnages sont issus d'une
génération qui a perdu ses certitudes et qui est prête à se
réinventer soi-même dans un nouveau monde ; un monde qui a vu
triompher les logiques sociales et économiques aux antipodes de
celles de Lénine, ou, heuresement d'un Staline.
Et voici l'ambivalence, le dynamisme
même de ces images : un corps hanté par les fantasmes des
idoles de 1917 et les yeux au regard ancré dans le futur.
Ainsi la métaphore de la photo qui
ferme le cercle de l'exposition est forte : une russe qui confie
à ses mains le vol d'une colombe prête à s'envoler au delà du
rideau de fer de l'endoctrinement, vers un monde où mondialisation
rime avec le mot intégration.
Marco Caccavo
http://www.alexandrapolina.com/
http://www.fontaine-obscure.com/
Nessun commento:
Posta un commento