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domenica 19 luglio 2015

Texte critique pour l'exposition "Ether" de Rosario d'Espinay Saint-Luc, Forcalquier, Galerie Passère

Rosario d'Espinay Saint-Luc, peintre franco-colombienne, mais provençale depuis quatorze ans, présente et partage sa personnelle recherche intérieure à coup de pinceau et couteau. Le sujet principal de son travail est la lumière créatrice qui rempli le vide de sa méditation et qui prend la forme d'une abstraction matérielle, conjuguant l'imperceptible de l'air et le sang de la chair.
Ainsi, à travers ses œuvres, elle recrée les éléments primordiaux, en quête de la représentation de l’élément fédérateur qui les anime tous: l'éther, cinquième élément qui donne le nom à l'exposition.
Et celui-ci, d'après le philosophe Aristote l’élément composant les astres, est  le leitmotiv des trois salles qui nous invitent à ce voyage sensible, à travers la couleur/éther et l'émanation des ses nuances. Car les éléments se présentent sous différentes formes pour les êtres humains qui en font expérience, mais le principe créateur, l'éther, est unique et radieux pour le ciel et pour la terre.
En se dépouillant de ses a priori, le spectateur entreprend ainsi un chemin initiatique qui débute dans la salle bleue, celle des grandes toiles aquatiques et celle des couleurs raffinées et délicates. Ici, on est immergés dans le grand océan de la lumière qui, en se dégradant, prend la forme de l'eau, c'est-à-dire de l’élément d'où la vie naît et où, dans une baignade estivale par exemple, on se sent libre. Dans l'eau, revenus enfants, ont voltige comme dans le ventre de notre mère. Dans cette salle, on se promène dans notre imagination revêtus de l’éther (avir -
אויר ) de la tradition de l'ebraisme, c'est-à-dire du voile invisible qui recouvre les hommes avant leur apparition dans le monde du temps et de l'espace, dans le monde du bien et du mal.
En continuant ce voyage, le spectateur, qui s'est fait eau, rencontre et se complète de son opposé: le feu, protagoniste de la salle rouge où la couleur devient moyen pour la recherche de la profondeur. Parmi ces tableaux, la lumière, dégradée en échelle des rouges, révèle la puissance de la carnalité et du désir représenté par l'éther enflammé, substance subtile et volatile, à la manière d'une force primitive, fécondatrice et destructrice. L'enfant, qui nageait il y a un moment, se trouve à brûler face aux battements de son cœur et à la chaleur de son sang.
L'eau est devenue feu grâce à l’énergie créatrice et dynamique qui anime la troisième salle, consacrée à l’énergie pure qui anime le vivant de la terre et tous ses acteurs. Cette force permet la connexion entre notre sentiment d'absolu et la matière qui fait briller les étoiles dans nos yeux. Ici, l’éther est celui tel qui l'était par les grecs : de l'air respiré par les dieux, qui donne la vie et la mort, en participant d'un chaos bien ordonné. Parce que l’éther est la nuance invisible qui donne la substance au présent, comparable à la volonté de puissance qui nous anime et nous fait entendre, malgré tout, ce monde comme beauté sans fracture.
Avec le cœur pur et naïf, il faut se faire prendre la main que l'artiste nous tend au bout des ses pinceaux car elle nous guide dans le monde de l'humain. C'est dans cet esprit qu'il faut jouir du travail de Rosario d'Espinay Saint-Luc et c'est la seule façon de rentrer en contact avec sa volonté créatrice. Ses œuvres sont des invitations au voyage à l’intérieur de nous-même: chemin à travers les étapes de l'émanation de notre esprit, eau-feu-mouvement, qui se font existence réelle dans le tourbillon du vivant.
Les tableaux d'Espinay Saint-Luc sont des miroirs de notre irrationnelle volonté d'être au monde et de le vivre pleinement, volonté féconde comme l'eau, destructrice comme le feu et sublime comme l’éther qui nous anime et nous fait sentir faire partie de la beauté du cosmos.

Marco Caccavo
Aix-en-Provence, 2015







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