Translate!

giovedì 6 novembre 2014

Texte critique: "Empreintes", Salle Pavillon, Hôtel de ville d'Aix en Provence

Texte critique: "Empreintes" 

Salle Pavillon, Hôtel de ville d'Aix en Provence 
du lundi 3 au samedi 15 novembre. 

Vernissage Samedi 8 Novembre à 17 heures 

"On pourrait définir l'empreinte, mot qui donne le titre à la présente exposition, comme la trace gravée d'une existence, dans ce cas celle artistique, qui se regarde au miroir de « sa finitude » et qui réclame, ainsi, son droit d'exister après la mort. 
Comme le dit le philosophe Giorgio Agamben, la critique d'art se déroule sur trois niveaux, dont le dernier est celui qui raconte le «geste de l'intention», c'est-à-dire que le regard critique essaye de décrypter l'immatériel qui mène l'expression artistique.


L'immatériel se concrétise, alors, dans le geste qui trace l'empreinte.

Pourquoi l'artiste engage son empreinte comme un cachet dans le flux de l'existence ?

On pourrait la définir alors comme un « raisonnable » moyen pour répondre à l'appel de la pesanteur du « à jamais », du « pour toujours ». On voudrait tous satisfaire cette exigence d'intemporel, en oubliant que cette vie, à un moment donné, prendra sa fin. Et les outils de la création, qui tremblent au bout des doigts de l'artiste, suivent ce sillage miroitant cette belle illusion d'humaine immortalité.

Le temps de notre vie est celui qui glisse sur la couleur des feuilles en automne, changeant ainsi leurs
 nuances en les faisant, ensuite, se recroqueviller dans un coin de vie qu'on appelle le passé. Le temps, c'est alors le doux maître qui tient les rênes de l'humain « je veux », c'est lui l'hautain tyran qui pèse nos vœux d'immortalité.

La question de l'empreinte se mêle et se tisse à celle de la mort, ou bien, à celui du questionnement autour de la fin du corps. Et c'est de la mortalité de ce dernier, de cette irrationnelle réfutation, que l'empreinte tire son élan vital et se fait art.

Ce qui reste, après la poussière du corps, sont les œuvres. Ces dernières, projections des émotions qui furent givrées dans le cœur et dans l'œil, sont les « objets d'arts» , réponse désespérée, vive « ici et maintenant », à l'appel du « à jamais ».
L'artiste mène son jeu de création pour l'immortel : pour la vie, après la vie.

L'art est un appel du créateur qui se tourmente dans l'oubli avalant ses larmes et ses sourires. Et l'homme, pour ne pas périr sous le poids des saisons qui font tout oublier, crée son objet d'art : son enfant, sa chair, son sang, son héritier.

En même temps, l'empreinte s'impose à l'homme comme la seule façon d'exister dans le présent. Dans le flux du temps, quand je parle, quand on me regarde, je ne suis qu'une empreinte de mon corps dématérialisé qui est déjà ailleurs.
Quand je parle, je suis ailleurs; mon corps et mon esprit sont ailleurs.
Je suis le fil de ma voix qui cherche dans le vent un rassurant écho venant de mon semblable.
Mais mon autre, comment pourra-t-il communiquer avec l'empreinte de celui qui se perd dans le vent?
Ce dernier n'est que trace de ce qu'il était et que personne ne
 connaît.
Échec de la connaissance de l'autre !

On est condamné à assumer un masque d'empreinte pour communiquer avec l'autre , qui est en quête de ce que l’on
 fut.

Dans le théâtre classique, les acteurs, faute de micros, utilisaient le masque pour se faire entendre par leur public, pour établir ainsi un pont humain entre eux et les auditeurs. Le port du masque semble être la seule façon d'être « ici et maintenant » pour devenir objet parlant dans la mémoire d'autrui.

L'homme ne peut communiquer qu' à travers son masque et son geste, simples empreintes de ce qu ' on a été à un moment et de ce qu' on n'est plus.
Le geste artistique n'échappe pas à cela : il est toujours empreinte de son créateur.
Dans le flux éternel, s'arrêter un moment sur le trait d'artiste, c'est commencer un dialogue avec sa trace.

Il faudrait partir de l'absence pour entreprendre l’archéologie de l'autre, homme ou artiste, apparemment seul moyen pour comprendre le sens d'un geste qui renvoie à son être immatériel et intemporel. Les artistes, Melko, Philip Richard, Liselotte Andersen, Alys Baillard et Sandrine Berthon, ainsi, déclinent sous forme de sculpture, peinture et photographie, leur univers d'empreintes.

Ils sont là, sous vos yeux, avec toute la puissance de leur non-présence, et ils confient au spectateur la tâche de ne pas être avalés par le temps".

Marco Caccavo
Aix en Provence, 2014 

Salle Pavillon, Hôtel de ville d'Aix en Provence 
du lundi 3 au samedi 15 novembre. 

Melko (sculpture terre), Philip Richard (photographie), Alys (raku) et Sandrine Berthon (photographie)






























Nessun commento: