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sabato 22 novembre 2014

"La beauté et la femme", intervention pour l'inauguration de la boutique "Anne et Lili Création"

On pourrai rapprocher le mot "beauté" et "femme"?


On peut dire oui, dans le monde végétale il y a un exemple:
La Belladone ( qui vient de Belladonna/Belle femme) est une plante herbacée, elle est parfois appelée Belle Dame, Cerise du diable, Herbe empoisonnée, Morelle furieuse, Morelle marine.
Les dames, pendant la Renaissance, l'utilisaient comme substance pour se maquiller, pour mettre en valeur leurs yeux, car l'atropine, contenue dans cette plante, permettait de dilater la pupille et donner de la lumière à leur regard.
Il ne faut pas oublier que cette plante avait aussi des propriétés narcotiques pour les femmes qui l'utilisaient et pour les hommes qui croisaient leur regard...cela me semble une belle métaphore pour introduire notre sujet, c'est-à-dire la beauté et la femme.
Avec l'exemple tiré du monde végétale, je ne voudrais pourtant rejoindre notre culture, qu'en philosophie on appelle judéo-chrétienne, sur le rôle de la femme et de sa beauté dans l'histoire que, comme a très bien illustré le philosophe Gilles Lipovetsky, on peut résumer avec la phrase suivante:

"la beauté de la femme est dangereuse parce qu'elle est à la fois fascinante et destructrice"

On pourrait être d'accord, mais il faut se souvenir que la plus part de gens qu'on fait de la littérature, de la religion, de la philo, de l'art sont des hommes.

Mais bon, ça veut dire quoi homme et femme?

Je dirai plutôt part masculine et part féminine, qui habite chacun de nous...
L'homme, ou bien sa part masculine, a fait ce monde et il a dû faire face aux séductions des femmes, son deuxième être tentateur, pour le faire au mieux. Et vous voyait que ce monde est bien loin d'être le monde meilleur possible En tant qu'homme, je dois avouer que depuis toujours, dans le mythe, dans l'histoire, dans la littérature, nous, les hommes, on a joué le rôle de l’ingénu...comme pour l'exemple de la plante que je citais tout à l"heure, on aime être narcotisés.
Souvenez-vous du mythe de Pandore, exposé par l'écrivain grec Hésiode.
Pandore était belle à l'image des déesses immortelles...l’ingénu Épiméthée, frère de Prométhée, contrairement aux ordres, avait épousé Pandore...charmé par sa beauté et par son intelligence...Épiméthée, comme le font les hommes, n'a pas pu résister au charme maudit de la beauté...
Pandore est la femme qui plongera, à cause de l'ouverture du vase interdit, contentant tous les maux, l'humanité dans les douleurs. Et voilà, la femme a détruit le monde parfait des hommes...
Mais Pandore, métaphore de la beauté, arrivera en suite à ouvrir à nouveau ce vase...pour en faire sortir l'espoir...la beauté devient, dès lors, espoir, auparavant les hommes se contentait de vivre dans un monde idéal crée par les dieux...sans se rendre compte qu'ils pouvaient changer ce monde, faire un monde vraiment humain où on goût de l'amour et de la tristesse et pas un monde où on est comme de bêtes aux ordres des dieux....même choses dans la bible...un livre, comme le dit Roberto Benigni, où pour la premier fois l'auteur du livre et aussi l’auteur des ses lecteurs.
Adam vit tout content à rien faire dans le paradis terrestre, l’Éden, il comprend rien, il fait rien, il se connaît pas, il s'enfiche, mais Eve, ce nom qui en hébreu vient de la racine « vie », sa compagnon qui est née pour lui tenir compagnie, elle, au contraire,ose, elle est esprit découvreur, elle sent la vrai vie qui pulse en elle et comme une héroïne tragique, elle défi les dieux, notre bon dieu chrétien,...elle prend la pomme interdite de l'arbre de la connaissance, le diable c'est elle, c'est sa beauté, c'est son esprit, comme le dit le serpent : il faut manger la pomme pour ouvrir les yeux, pour être comme dieu.

...elle donne les instruments aux hommes pour se connaître...elle est terrible, comme terrible est la connaissance, elle est maudite comme maudite est beauté de la femme, son humanité accentué nous donne un monde à faire, pas un jouet voulu par Dieu pour Adam, sa marionnette aux sourire stupide et bête.
Dieu prononça sa condamnation: " A la femme il dit: " je multiplierai tes souffrances, et spécialement celles de ta grossesse; tu enfanteras des fils dans la douleur; ton désir se portera vers ton mari, et il dominera sur toi. "
C'est exactement ce que la femme voulait....

Il dit à l'homme: " Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras pas, le sol est maudit à cause de toi. C'est par un travail pénible que tu en tireras , ta nourriture, tous les jours de ta vie; il te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l'herbe des champs C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, parce que c'est d'elle que tu as été pris; car tu es poussière et tu retourneras en poussière.

Tant mieux, le pain au soir me rappellera le goût de mon travail...

La femme nous a fait connaître la vie, la vraie....
Nietzsche dira que :« la femme parfaite est un type d'humanité supérieur à l'homme parfait ».
Peut-être que avec cela il a voulu dire que la femme est parfaite, en raison de la connaissance de son imperfection, qui la mène à la recherche du beau dans ce monde, avec ce monde et à travers ce monde.
La femme nous fait sortir d'un monde idéale, d'un monde en en plastic, un peu à la Mc Do, un monde fait pour nous par quelqu'un d'autre, et nous apprend à souffrir, à gagner, à rire...à connaître.
La femme est la première des philosophe des lumières. La femme, comme le disait le philosophe Kant, nous dit : mec, ose savoir !
Et cela, c'est de la beauté.
L’écrivain russe Dostoïevski disait que la beauté sera le sauveur du monde. De ce monde, de notre monde...
La beauté féminine, c'est un espoir, et comme tout espoir, comme toute vision d'avenir est révolutionnaire et ça entraîne de risques, des changements, ça entraîne l’échec, la mort même.
Pandore et Eve nous ont donné un monde à faire, un monde vrai, un monde humain.
Notre beauté intérieure, assuré par la part féminine, doit être alimenté chaque jour, à tout moment, l'espoir, comme du vase de Pandore, doit déployer ses ailes pour survoler sur ce monde masculin où beau est synonyme d'utile, de visible, de quelque chose fait pour.
Il faut toujours se sentir poussés par la pomme d'Eva, essayer, franchir les limites imposés, se réinventer, oser...maîtriser finalement le nietzschéen « je veux »...et Nietzsche affirmait que tout esthétique est femme...
L'art est femme en soi, est espoir, et ce dernier en raison de son inutilité apparente, peut sauver le monde.
Le regard éthique est femme, prendre soin de environnement est femme
les philosophes Deleuze et Guattari parlaient du devenir-femme :

« La jeune fille et l'enfant ne deviennent pas, c'est le devenir lui-même qui est enfant ou jeune fille. L'enfant ne devient pas adulte, pas plus que la jeune fille ne devient femme ; mais la jeune fille est le devenir-femme de chaque sexe, comme l'enfant le devenir-jeune de chaque âge. Savoir vieillir n'est pas rester jeune, c'est extraire de son âge les particules, les vitesses et lenteurs, les flux qui constituent la jeunesse de cet âge. Savoir aimer n'est pas rester homme ou femme, c'est extraire de son sexe les particules, les vitesses et lenteurs, les flux, les n sexes qui constituent la jeune fille de cette sexualité. C'est l'Âge même qui est un devenir-enfant, comme la Sexualité, n'importe quelle sexualité, un devenir-femme, c'est-à-dire une jeune fille. »

et cela fait écho à la célèbre phrase de Simone de Beauvoir :

"On ne naît pas femme : on le devient"

et celle de l'écrivain italienne Oriana Fallaci qui dit :

"Essere donna è così affascinante. È un'avventura che richiede tale coraggio, una sfida che non annoia mai. Avrai tante cose da intraprendere se nascerai donna. Per incominciare, avrai da batterti per sostenere che se Dio esiste potrebbe anche essere una vecchia coi capelli bianchi o una bella ragazza. Poi avrai da batterti per spiegare che il peccato non nacque il giorno in cui Eva colse la mela: quel giorno nacque una splendida virtù chiamata disubbidienza. Infine avrai da batterti per dimostrare che dentro il tuo corpo liscio e rotondo c'è un'intelligenza che chiede d'essere ascoltata".

Qu'on pourrait traduire ainsi:

"Être femme est charmant. C'est une aventure qui demande du courage, c'est un défis dont on ne se lasse jamais. Toi, femme, tu auras beaucoup de défis à accomplir. D'abord, tu devras te battre pour souvenir que, si Dieu existe, ce dernier pourrait être une vieille dame aux cheveux blanc ou une jeune fille. Puis, tu devras te battre pour expliquer que le pêché n'est pas né le jour où Eve cueillit la pomme: ce jour là naquit une vertu splendide qu'on appelle la désobéissance. Enfin, tu devras te battre pour montrer que ton corps lisse et rond cache une intelligence qui ne demande que d'être comprise".

Une caresse est être femme, écrire un joli vers est femme. Femme est tout ce que nous fait peur et nous attire et que pourtant est fondamental pour la vie après notre vie.

Je voudrais terminer avec un poème que, je pense, tout le monde connaît :

Hymne à la beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ? ton regard infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté, monstre énorme, effrayant, ingénu!
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds.

Charles Baudelaire




Photos et vidéos de Sandrine Sabatier 







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